Un écart budgétaire inquiétant révélé par l’Inspection Générale des Finances (IGF)Alors que les autorités sénégalaises annonçaient un déficit budgétaire moyen de 5,5 % du PIB sur la période 2019-2023, un audit de l’Inspection Générale des Finances (IGF) a mis en lumière une réalité bien différente : le déficit réel aurait atteint 10,4 % en moyenne, soit près du double des chiffres officiels.Cet écart de 4,9 points de PIB interroge sur la transparence de la gestion des finances publiques, alors même que le pays fait face à une crise sociale marquée par l’inflation, la pauvreté et le chômage des jeunes. Tableau 1 : Déficit budgétaire annoncé vs réel (2019–2023) Une dette publique sous tensionCette gestion budgétaire a des conséquences directes sur la dette publique. En 2023, celle-ci représentait plus de 75 % du PIB, contre 62 % en 2019. Le service de la dette absorbe à lui seul près de 30 % des recettes budgétaires, réduisant ainsi la marge de manœuvre de l’État pour financer les secteurs sociaux comme l’éducation ou la santé. Une croissance économique en trompe-l’œilMalgré une croissance estimée à 4,1 % en 2023, le pays peine à redistribuer les fruits de cette croissance. Le PIB par habitant reste faible, autour de 1 693 USD, et 46,7 % des Sénégalais vivent toujours sous le seuil de pauvreté, selon les dernières estimations disponibles. Des impacts sociaux majeurs• Taux de chômage des jeunes (15-35 ans) : estimé à plus de 20 % dans certaines régions.• Inflation alimentaire : supérieure à 10 % en 2022–2023.• Taux de sous-emploi global : environ 35 %. Indicateurs économiques clés Transparence et gouvernance : les vrais enjeuxLes révélations de l’IGF relancent le débat sur la transparence budgétaire, la crédibilité des institutions et la nécessité d’une gouvernance rigoureuse. Pour beaucoup d’observateurs, la gestion des ressources – notamment à l’heure où le Sénégal devient producteur de pétrole et de gaz – doit impérativement s’appuyer sur une vérité des chiffres. Quelles perspectives ?L’arrivée d’un nouveau leadership politique en 2024 pourrait marquer un tournant. La priorité devra être de restaurer la confiance dans les chiffres publics, maîtriser les dépenses et recentrer l’investissement sur les secteurs sociaux de base.Car un pays qui masque ses déficits compromet l’avenir de ses citoyens. Opinesen