90 % des actifs dans l’informel : quel avenir pour l’emploi au Sénégal ?

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Le chômage demeure l’un des défis majeurs de l’économie sénégalaise, en particulier chez les jeunes et les femmes. Bien que le pays ait connu une croissance économique notable ces dernières années, cette dynamique ne s’est pas traduite par une amélioration significative du marché de l’emploi.

Un taux de chômage élevé et structurel

Selon les dernières données publiées par l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) dans son Enquête nationale sur l’emploi au Sénégal (ENES) de 2023 :

  • Le taux de chômage national est estimé à 20,7 %, en légère baisse par rapport à 2022 (22,1 %).
  • Le chômage affecte davantage les femmes (26,4 %) que les hommes (15,2 %).
  • En milieu urbain, le chômage est plus prononcé (29,6 %) qu’en milieu rural (11,9 %).

Les jeunes, premières victimes

Le chômage des jeunes (15 à 35 ans) atteint un niveau alarmant :

  • Environ 33 % des jeunes en âge de travailler sont sans emploi.
  • Ce taux grimpe à 41 % chez les jeunes diplômés, en particulier dans les filières générales et littéraires.

Cette situation crée un déséquilibre entre l’offre de formation et les besoins du marché du travail, accentuant le phénomène de « chômage des diplômés ».

Une économie informelle dominante

Le marché de l’emploi sénégalais reste fortement marqué par l’informalité :

  • Près de 90 % de la population active travaille dans le secteur informel, sans contrat de travail, protection sociale ni accès au crédit.
  • Le secteur agricole, pourtant grand pourvoyeur d’emplois, demeure sous-exploité et vulnérable aux aléas climatiques.

Initiatives publiques et limites

Le gouvernement sénégalais a mis en place plusieurs programmes :

  • DER/FJ (Délégation à l’Entrepreneuriat Rapide des Femmes et des Jeunes), qui a financé plus de 100 000 projets entre 2018 et 2023.
  • Le Programme Xëyu Ndaw Ñi, qui vise à créer 65 000 emplois directs pour les jeunes.
  • Des allègements fiscaux pour les entreprises qui recrutent des jeunes en contrat d’apprentissage ou d’insertion.

Malgré ces efforts, les résultats restent mitigés, en raison de :

  • La faible transformation structurelle de l’économie.
  • Le manque de synergie entre les formations et les réalités du marché.
  • La difficulté d’accès au financement pour les jeunes entrepreneurs.

Perspectives et recommandations

Pour réduire durablement le chômage, il est nécessaire de :

  • Renforcer l’adéquation formation-emploi à travers la réforme de l’enseignement professionnel et technique.
  • Développer l’industrialisation locale et la transformation agroalimentaire.
  • Soutenir l’entrepreneuriat des jeunes en zone rurale par des incubateurs, du mentorat et un accès au crédit.
  • Promouvoir l’emploi vert dans les secteurs de l’énergie renouvelable, de l’agriculture durable et de la gestion des déchets.

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